Présentation de Gérard Quenum par Nicolas Bouillard, professeur d’arts plastiques, exposition à Chalon-sur-Saône, 2004.

 

            L'œuvre, de Gérard Quenum, au-delà des tensions et des peurs qu'elle véhicule, se construit par imprégnations.

La plus forte, la plus impressionnante serait son histoire. Gérard Quenum est chargé de ce qu'il a vu ou ressenti face aux douleurs qui s'attachent au Bénin ou au continent africain. Les victimes ultimes et innocentes de ce monde sont les enfants. Et Gérard Quenum marque toute son œuvre de leurs présences. Il met en abîme leurs fragilités dans un monde déstructuré.

            Une imprégnation, spirituelle cette fois, tente d'installer un espoir vers des croyances plus humaines. Une spiritualité sereine et douce qui tournerait le dos à la sauvagerie ou à la barbarie. Dans cette dynamique, l'oeuvre prône un métissage, une rencontre.

            L'imprégnation, la plus complexe cette fois, enjambe littéralement les océans pour créer des passerelles. Gérard Quenum, dans sa démarche, élabore un réseau de ponts entre les continents, mais aussi les cultures, les générations, les peuples, les histoires et les diverses temporalités. La présence de références fortes questionne, surprend : Picasso, Jean Michel Basquiat, Dubuffet, Paul Klee… On pressent l'absence d'imitation tant la sincérité du geste s'impose. Gérard Quenum avoue ne pas connaître certains de ces artistes majeurs. Nous pouvons déceler ici le signe de l'existence d'une sorte de communauté d'esprit à travers toute l'histoire de l'art. Plus encore, l'œuvre de Gérard Quenum manifeste la réalité d'un langage pictural détaché des écoles, des courants et des académies. L'artiste nous éloigne alors d'une œuvre exotico-africaine — pour ne pas dire primitive — afin de nous accompagner dans une pensée profondément humaine et universelle.